Ce drame qui me laisse sans voix…

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Lui, il a quitté la maison ce matin là pour se rendre au boulot, embrassant femme et enfants, leur promettant de les retrouver au dîner.

Elle, elle s’est peut-être engueulée avec son fiancé ce matin là ; rien de bien méchant, juste une de ces prises de tête que connaissent les couples et qui les rapproche plus que ne les sépare. Quand il lui fit la bise en la déposant devant l’immeuble dans lequel elle travaille, elle s’est sans doute dit que ce soir, la nuit sera torride, placée sous le signe de la réconciliation et que, coquette et coquine elle sera pour lui faire oublier la broutille de ce matin là car, pensait-elle, sa place est à ses côtés pour le restant de sa vie.

Tu revenais du boulot, lové dans un coin du taxi, coincé dans les embouteillages et tu fredonnais peut-être cet air de Castro et Sarkodie, espérant rejoindre les tiens et profiter de leur chaleur par ce temps de pluie. Le chauffeur t’as alors poliment demandé de faire un détour par la station service afin qu’il puisse recharger son gaz ; ce que tu lui as gentiment accordé.

Tu revenais sans doute d’un travail de groupe quand, pour protéger tes effets de la pluie, tu as eu l’idée de t’abriter sous le hangar de cette station service.

Tu es sortie acheter une carte de recharge pour appeler tes parents restés au pays puis, sur le chemin du retour, tu as rencontré cette amie de longue date que tu as perdu de vue. Vous n’avez pu vous empêcher, sous cette averse, de chercher refuge sous le hangar de la station service ; celle-là qui, à proximité se trouvait, afin de vous remémorer quelques bons moments passés ensemble, échanger les contacts et vous promettre de vous revoir très bientôt dans un environnement plus chaleureux et plus convivial.

Aucun parmi eux ne s’est douté, un seul instant, de la fin tragique que connaîtrait cette journée qui sûrement avait bien commencé

En ce funeste soir du mercredi 3 juin 2015, tout ce beau monde imaginaire, pourtant si réel, se trouvant dans les environs de la station service de la Ghana Oil Company située au Kwame NKruma Circle, n’est jamais arrivé à destination.

Déjà cinq jours, depuis le drame, mais cette scène d’horreur continue de hanter mes réflexions. Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment cela a-t-il pu se produire ? Comment ce drame a-t-il pu engendrer un nombre si élevé de victimes ?

Je pense à…

Ces maris qui ne reverront plus jamais leurs épouses.

Ces demoiselles, jeunes fiancées, qui connaîtront les peines des veuves avant même d’avoir pu expérimenter le mariage.

Ces mères qui jamais ne reverront leurs enfants.

Ces enfants désormais devenus orphelins, que pourra-t-on bien leur dire pour leur faire comprendre que papa/maman ne rentrera plus jamais car il a quitté ce monde ?

Cet enfant, allongé sur la poitrine de sa mère, qui ne grandira jamais ; cet enfant qui jamais ne connaîtra les joies de la scolarisation, les plaisirs du football entre copains ou de la marelle entre copines ; ces pseudos bonheurs d’adolescents bourrés au sortir d’un night club après une soirée fort arrosée.

Ces parents qui plus jamais ne reverront leurs enfants, ne connaîtront pas cette fierté de les voir grandir, se battre pour se frayer leur chemin au sein de la société.

Toutes ces victimes dont la vie a cessé de suivre le cours ce soir là.

Je ne peux ressentir vos émotions mais j’imagine votre désarroi très grand car perdre un être cher nous affecte, nous change et, que nous le voulions ou pas, plus rien n’est plus pareil après.

Je n’ai que mes mots pour m’exprimer mais je comprend votre douleur.

Jamais la vie n’aura été aussi injuste mais c’est la vie. Puisse le temps panser vos blessures et apaiser vos coeurs. Toutes mes pensées les plus pieuses vous accompagnent.

Pour vous, qui avez périt dans ces flammes, un cierge est resté allumé, pour vous, tout au fond de mon coeur.

Puissiez vous reposer en paix !