J’ai décidé de faire taire mes sentiments

Très chers, je vous passe le salam.

Ce billet m’a été inspiré par le Biloqueur et l’Archer de Cupidon. J’avais tellement d’idées qui me passaient par la tête que j’ai commencé à écrire hier soir pendant les cours. Je suis polyvalent quand il le faut mais ça vous l’ignoriez…

Après avoir lu le Biloqueur dans Comment suis-je devenu émotionnellement indifférent ?, j’ai fait le rapprochement avec ma propre histoire. J’ai alors remarqué que je me retrouvais dans les situations décrites. Comment ai-je pu en arriver là, moi qui nourrissait tant d’ambitions ? Moi à qui la vie semble enfin sourire ? Comment ai-je pu décider de faire taire mes sentiments ? De ne plus rien ressentir pour personne sinon de l’amitié et pas de l’amour, ceci sans que je ne m’en rende compte ? Comment ? Autant d’interrogations que tes mots ont suscité en moi cher John.

Mon histoire vous la connaissez. Lorsque vous faites des concessions, que vous abandonnez même vos rêves, que vous subissez le désagréable en silence au nom de l’amour et que tout cela est foulé du pied en quelques instants, il est juste plus facile de mettre son cœur sur off pour éviter de souffrir. Les psychologues appellent des comportements de ce genre l’évitement ; mécanisme que met en place notre esprit pour éviter le conflit car, parait-il, l’être humain n’aime pas le conflit.

Quand je t’ai lu, Laurier, j’ai décidé de rechercher les raisons du choix de mon inconscient – sacré Freud -. J’ai finalement découvert que c’était une modélisation du copying – la capacité d’adaptation -. Si le copying réussit face au stresseur, tant mieux. S’il échoue, l’individu se retrouve stressé et peut alors faire usage soit de compétition, de collaboration, de déni, d’évitement, soit d’accomodation. Dans mon cas, j’ai été « contraint » d’opter pour l’évitement car auprès d’elle je sentais remonter ma colère, ma rage et toute cohabitation devenait impossible. Il m’a fallut progressivement transformer cette frustration en indifférence, quitte à taire en moi tout sentiment d’amour. C’est en partie ce qui explique pourquoi je ne me suis toujours pas refait. La peur de revivre les mêmes frustrations n’arrange non plus en rien la situation. Je me suis alors enfermé dans ma routine boulot, blog, études et quelques rares sorties…

Finalement, pourquoi suis-je émotionnellement indifférent John ? Tout simplement parce qu’à l’annonce de la rupture, quelque chose en moi s’est cassé et que je n’arrive pas à réparer ; du moins pas pour le moment car malgré tout, je garde espoir d’y parvenir un jour.

Lettre à ma dulcinée

Credit : ekladata.com
Credit : ekladata.com

Très chère,

Je me suis (enfin) décidé ce matin à t’écrire ces mots pour une fois de plus te faire connaitre le fond de mes pensées. Pourquoi ne pas t’en parler de vive voix ? Tout simplement parce que je crains peut-être d’en arriver aux larmes.

Je me rappelle comme si c’était hier de nos débuts à l’université. Toi, adolescente et innocente ; moi, adolescent et plutôt coupable -de quoi ? Allez-y savoir-. Je me suis très vite senti attiré par toi mais j’ai préféré jouer la carte de l’indifférence pour éviter de gâcher cette belle amitié qui nous liait, car pour moi, mes amis sont ma famille. C’était sans compter sur Cupidon qui de sa flèche nous a tous les deux empoisonné.

Te souviens-tu de ces journées entières passées ensemble ? Ces moments où nous ne nous lassions jamais l’un de l’autre ? Ces moments de fous rires et de plaisirs intenses partagés ? Ces fins de journées qui devenaient dramatiques au moment de nous séparer ? Nous étions inséparables du matin au soir.

Notre synchronisation était parfaite ; peut-être un peu trop. Nous ne pouvions passer la moindre journée sans nous voir. Des jaloux, il y en avait à la pelle mais cela nous importait peu.

Nous sommes restés amoureux mais au fil du temps, chacun a voulu prendre de l’indépendance vis-à-vis de l’autre. Je le reconnais, cette situation, je l’ai très mal vécue et tu le sais car je ne parvenais pas à te comprendre. Cela m’a pris du temps pour m’y adapter mais le mal était-il déjà fait ? Je ne le saurais peut-être jamais. Par amour pour moi, tu as choisit d’abandonner certains projets qui comptaient beaucoup pour toi. J’en suis sincèrement désolé !

Nous avons fait notre chemin et avons obtenu nos diplômes.

J’ai alors pensé que les choses seraient différentes et que les violons s’accorderaient, hélas ! Tu trouvais que je devenais envahissant et que ton monde se résumait à moi. Il te fallait donc prendre des ailes. Des disputes, nous en avions connu mais je pense que les vraies ne sont apparues qu’à ces instants. Il nous est alors plusieurs fois arrivé de nous bouder mais l’un ou l’autre faisait le pas de la réconciliation et tendait la main à l’autre. Le plus souvent c’était toi qui faisais ce pas, je le reconnais mais reconnais aussi que je ne me faisais pas prier ! –qui est fou ? Ah l’amour quand tu me tiens…- Je sais que j’ai toujours été un peu capricieux avec toi mais à chacun ses caprices je pense. Nous avons essayé de faire des concessions chacun de notre côté et l’aventure s’est poursuivie.

Puis ce fameux mois d’août naquit un prince

Je n’avais jamais imaginé que si jeune, j’aurais ce plaisir, non, ce privilège d’être un jour appelé papa, Axel ou papa Axel selon les humeurs et les envies de ce petit être si beau, si malin (comme son père bien-sûr) et si innocent. Ce prince comme j’aime à le surnommer qui me rend le sourire et la joie de vivre, une fois qu’il tourne son magnifique regard vers moi et m’appelle tout en me souriant. Quelque soit mon humeur, mon aura en prend un sérieux coup et brille de mille feux.

Te souviens-tu de tes mois de grossesse ? Oui, je ne t’ai pas ménagée et je le sais. Tu me traitais même de paresseux car je passais des journées entières au lit alors que toi, malgré ton état, tu te levais tôt, pensais à préparer un petit-déjeuner pour moi, flemmard de mon état, avant de partir au boulot. Je ne te l’ai jamais dit mais durant toute ta grossesse, j’avais peur. J’étais pétrifié, tétanisé à l’idée de devenir père. La paternité implique des responsabilités que j’avais toujours pensé ne pas être prêt à assumer. Moi, jeune diplômé sans emploi, qui vit aux crochets de ses parents, j’allais devenir papa ! C’était cela le topo. Ce qui pourtant me motivait, c’était la détermination que je lisais dans tes yeux ; celle là qui semblait me dire « ne t’inquiète pas, ensemble nous soulèverons des montagnes ».

Au détour d’une énième dispute, je venais faire la paix sans jamais imaginer que pour toute réponse je n’aurais droit qu’à « tu ne m’as rien fait mais je pense qu’il est préférable pour tous de mettre fin à notre relation ».

Coup de massue ; je ne m’en suis pas relevé. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je me suis remis maintes fois en question sans jamais trouver de réponse. Que me reprochais-tu ? De quoi m’étais-je rendu coupable ? J’avais pourtant changé et cela tu n’as jamais pu le remarquer. N’ayant aucune réponse et face à ton obstination de me larguer, j’ai commencé par t’ignorer, pire à te haïr. Je ressentais de la colère à chaque fois que j’étais en contact avec toi. Il m’a fallut énormément de temps pour me pardonner, te pardonner et m’y habituer mais, jusqu’au jour d’aujourd’hui, cette habitude n’est pas encore pour moi seconde nature car chassez le naturel, il revient au galop. T’aimer, j’en ai fait mon naturel.

C’est pourquoi j’ai décidé de tenter une nouvelle fois ma chance avec toi.

Lorsque je suis venu vers toi ce jour du 02 janvier 2015, je ne m’attendais pas à ce que tu m’accueilles les bras ouverts. L’orgueilleux, le présomptueux que je suis d’habitude a du se faire tout petit et enfiler son plus beau manteau d’humilité pour venir te voir.

L’amour, comme je me plais à le penser, se donne et se rend. Ce sentiment si noble, si pur qui unit les uns aux autres n’est pas égoïste. Je pense que, aimer quelqu’un c’est aussi vouloir son bonheur. Si tu estimes que le tien n’est pas avec moi, je ne puis te retenir contre ton gré ; je n’en ai ni la force, ni les moyens.

Je continue de me demander : « que s’est-il passé ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? À quel moment avons-nous péché ? »

Cette lettre, j’aurais pu l’intituler « le cri de mon âme » car c’est mon âme qui expose ses tourments à travers mes mots. Et ces mots ne suffiront jamais pour décrire tout ce que nous avons vécu ; tant cela était rythmé par la passion et rien qu’à y penser, aujourd’hui encore, je suis submergé d’émotions.

Cette lettre, tu la liras peut-être… Enfin, je l’espère ! J’aimerais alors que tu saches que je suis sincèrement désolé pour tout le tort que j’ai pu te causer et que je te pardonne tous tes errements. Je ne saurais te retenir à mes côtés si t’en aller est ta volonté.

« Va, je ne te hais point ! »*

Celui qui autrefois était pour toi source de rêve et d’espoir,

Axel

* Pierre Corneille, Le Cid